En octobre 2022, les articles de la presse, spécialisées ou non, fleurissent sur le thème des difficultés ou échecs du Metaverse voulue par Meta, anciennement Facebook. Quand ce ne sont pas des accusations, justifiées, de tricherie ou de manipulation des vraies capacités de la technologie. En résumé, le paradis promis du Metaverse paraît bien morne, vide et basé sur des illusions de conception et d’usage. Après avoir dépensé au moins 10 milliards de dollars en 2021, Meta va probablement en dépenser autant en 2022. On a l’impression d’une course à l’armement financière sans fin. Plus on dépense, plus l’horizon recule. Rappelons que l’invention qui a permis non seulement de créer les GAFA, mais aussi leurs richesses colossales, à savoir le HTML initié par Tim Bernes-Lee, n’a coûté que quelques dizaines de milliers d’euros au CERN où il était employé.
La cause de la désorientation
Ainsi les probabilités pour le Metaverse d’échec cuisant et retentissant sont très fortes. Et tout ceci vient d’une erreur majeure de conception. Mais avant d’évoquer cette erreur, il faut évoquer la cause profonde de cette erreur.
Ce facteur vient d’une approche purement technologique. L’adoration de la puissance de calcul. Plus on peut afficher des éléments réalistes sur l’écran, mieux c’est. Sauf qu’avec une approche de ce type, on est dans une adoration de la puissance des cartes graphiques. Plus on a de pixels qui bougent à l’écran, plus on est content. Mais la création d’un véritable monde virtuel ne se limite pas à la surface. Il y a autre chose à organiser. En n’ayant qu’une approche technologique, on passe à côté des 99 % vrais sujets à étudier. Il faut d’abord structurer le monde. Toutes les personnes travaillant dans l’informatique ou simplement utilisant des outils numériques (donc chacun de nous puisque nous avons au moins un téléphone portable) savent très bien que les performances purement techniques augmentent d’année en année. Cela est une certitude. Ce ne doit pas être une préoccupation de fond. Un jour ou l’autre le matériel sera à la hauteur de nos espérances. En attendant, l’urgence est de construire le fond de ce Nouveau Monde numérique. La forme viendra tôt ou tard.
Et cette adoration de la puissance technique mène à une fuite en avant, une recherche désespérée de montrer de la forme (avoir des jambes ou pas ? @preview) plutôt que de la structuration. Le résultat est que le Metaverse actuellement proposé est complètement à l’opposé de ce qu’il faut vraiment proposé aux utilisateurs. Et le fait de se baser sur la puissance graphique fait dériver le Metaverse de Meta dans un type de monde qui n’est absolument PAS adapté pour être celui du jumeau numérique de la Terre et de l’Humanité.
Meta n’a pas réalisé que son approche actuelle est basée sur un mauvais « point de vue ». Toute la clef est dans cette expression. C’est là que se situe la mauvaise orientation. Je n’en dirai pas plus, pour l’instant, sur ce point. Car il est vrai que les clefs d’entrée dans un marché estimé à des centaines de milliards d’ici quelques années ne peuvent pas être confiées à n’importe qui. En tout cas au moins pas n’importe comment.
Ainsi le monde du Metaverse est comme celui de Sergio Leone, il se divise en deux. Il y a ceux qui savent comment le créer. Et ceux qui ne le savent pas. Meta est dans ce dernier cas.
Et pour ceux qui veulent savoir comment se construira le monde virtuel qui réussira, il faut leur rappeler les causes de l’existence du monde numérique actuel, les normes ouvertes à tous (TCP/IP, HTML, CSS…). Ce n’est que par le Bien Commun que les Nouveaux Mondes pourront véritablement exister.
Mises à jour
11 000 Licenciements soit 13% des salariés au 9 novembre 2022.
Philippe AGRIPNIDIS
Cocréateur de Biens CommunsPlus qu’une alternative économique et sociale, les nouveaux Biens COMMUNS sont une nécessité.
Construisons les ensemble au mieux et au plus vite.